quinta-feira, 26 de fevereiro de 2009

A NATUREZA EM ABISMO | Prólogo




A NATUREZA EM ABISMO
Prólogo

UM PROJECTO DE ANA NOBRE
Performance Instalação


Quinta-feira 5 de Março de 2009 > 18H

Rua Diário de Notícias, 59
Bairro Alto, Lisboa


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Segundo Francis Ponge e o seu objogo, as palavras são sinais singulares evocativos das coisas, sendo que só através do jogo e da multiplicação interior dos seus sentidos se poderá dar ver alguma da profundidade de todo o real sensível.
Também às imagens se pode aplicar este mesmo método.

As imagens, colocadas em abismo, objogadas, pelas relações criadas entre elas, e pelas relações que criam com o real captado, devem dar a ver as coisas. Representam-se ideias, para tentar chegar às coisas, à sua fisionomia interior, usa-se a alegoria.

O título do projecto declara de resto a intenção: nas imagens, é a mais efémera das coisas, a sombra, coisa transitória, e aqui exemplificada também pelo plano/pano negro, que ao ser fixada, dá a ver.

A Natureza é algo paradoxal. Sendo um processo contínuo, physis, é também aquilo que de mais efémero há.

A sombra, presença constante nestas imagens, exemplifica isso mesmo, o paradoxo, e talvez por isso ela possa ser aqui simultaneamente o que representa e o representado: o instante, neste caso, do acto fotográfico e a própria materialização da Natureza no seu todo.
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info: analentejana@gmail.com > +351 92 682 58 80



quarta-feira, 25 de fevereiro de 2009

nobel 2008 - 2

«Aquele que deseja escrever para os que têm fome, e apenas para estes, logo descobre que só os que enchem a barriga se apercebem da sua existência.»

Stig Dagerman

«Escreve-se para os bezerros que morrem»
Moritz

avisado por um amigo de que este discurso era muito bom: le clezio - discurso do nobel (os negritos são meus)

© LA FONDATION NOBEL 2008
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J.M.G. Le Clézio : Dans la forêt des paradoxes
Conférence Nobel
Le 7 décembre 2008


1

Pourquoi écrit-on ? J’imagine que chacun a sa réponse à cette simple question. Il y a les prédispositions, le milieu, les circonstances. Les incapacités aussi. Si l’on écrit, cela veut dire que l’on n’agit pas. Que l’on se sent en difficulté devant la réalité, que l’on choisit un autre moyen de réaction, une autre façon de communiquer, une distance, un temps de réflexion.
Si j’examine les circonstances qui m’ont amené à écrire – je ne le fais pas par complaisance, mais par souci d’exactitude – je vois bien qu’au point de départ de tout cela, pour moi, il y a la guerre. La guerre, non pas comme un grand moment bouleversant où l’on vit des heures historiques, par exemple la campagne de France relatée des deux côtés du champ de bataille de Valmy, par Goethe du côté allemand et par mon ancêtre François du côté de l’armée révolutionnaire. Ce doit être exaltant, pathétique. Non, la guerre pour moi, c’est celle que vivaient les civils, et surtout les enfants très jeunes. Pas un instant elle ne m’a paru un moment historique. Nous avions faim, nous avions peur, nous avions froid, c’est tout. Je me souviens d’avoir vu passer sous ma fenêtre les troupes du maréchal Rommel remontant les Alpes à la recherche d’un passage vers le nord de l’Italie et l’Autriche. Cela ne m’a pas laissé un souvenir très marquant. En revanche, dans les années qui ont suivi la guerre, je me souviens d’avoir manqué de tout, et particulièrement de quoi écrire et de quoi lire. Faute de papier et de plume à encre, j’ai dessiné et j’ai écrit mes premiers mots sur l’envers des carnets de rationnement, en me servant d’un crayon de charpentier bleu et rouge. Il m’en est resté un certain goût pour les supports rêches et pour les crayons ordinaires. Faute de livres pour enfants, j’ai lu les dictionnaires de ma grand-mère. C’étaient de merveilleux portiques pour partir à la reconnaissance du monde, pour vagabonder et rêver devant les planches d’illustrations, les cartes, les listes de mots inconnus. Le premier livre que j’ai écrit, à l’âge de six ou sept ans, du reste s’intitulait Le Globe à mariner. Suivi tout de suite par la biographie d’un roi imaginaire appelé Daniel III – peut-être était-il de Suède ? Et par un récit raconté par une mouette. C’était une période de réclusion. Les enfants n’avaient guère la liberté d’aller jouer dehors, car les terrains et les jardins autour de chez ma grand-mère avaient été minés. Au hasard des promenades, je me souviens d’avoir longé un enclos de barbelés au bord de la mer, sur lequel un écriteau en français et en allemand menaçait les intrus d’une interdiction accompagnée d’une tête de mort.
Je peux comprendre que c’était un contexte où l’on avait le désir de s’enfuir – donc de rêver et d’écrire ces rêves. En outre, ma grand-mère maternelle était une extraordinaire conteuse, qui réservait aux longues heures d’après-midi le temps des histoires. Ses contes étaient toujours très imaginatifs, et mettaient en scène une forêt – peut-être africaine, ou peut-être la forêt mauricienne de Macchabée – dont le personnage principal était un singe doué de malice, qui se sortait toujours des situations les plus périlleuses. Par la suite, j’ai fait un voyage et un séjour en Afrique, où j’ai découvert la forêt véritable, à peu près dépourvue d’animaux. Mais un D.O. du village d’Obudu, à la frontière des Camerouns, m’a fait écouter le crépitement des gorilles sur une colline voisine, en train de frapper leurs poitrines. De ce voyage, de ce séjour (au Nigéria où mon père était médecin de brousse) j’ai rapporté non pas la matière de romans futurs, mais une sorte de seconde personnalité, à la fois rêveuse et fascinée par le réel, qui m’a accompagné toute ma vie – et qui a été la dimension contradictoire, l’étrangeté moi-même que j’ai ressentie parfois jusqu à la souffrance. La lenteur de la vie est telle qu’il m’aura fallu la durée de la majeure partie de cette existence pour comprendre ce que cela signifie.
Les livres sont entrés dans ma vie un peu plus tard. C’était sous la forme de plusieurs bibliothèques que mon père avait réussi à réunir et qui provenaient de la dispersion de son héritage lorsqu’il avait été expulsé de sa maison natale à Moka (Ile Maurice). C’est alors que j’ai compris cette vérité qui n’apparaît pas immédiatement aux enfants, à savoir que les livres sont un trésor plus précieux que les biens immeubles ou que les comptes en banque. C’est dans ces volumes, la plupart anciens et reliés, que j’ai découvert les grands textes de la littérature universelle, le Don Quijote illustré par Tony Johannot, La vida de Lazarillo de Tormes ; The Ingoldsby Legends, Gulliver’s Travels ; les grands romans inspirés de Victor Hugo, Quatre-vingt Treize, Les Travailleurs de la Mer, ou L’Homme qui rit. Les Contes drôlatiques de Balzac, aussi. Mais les livres qui m’ont le plus marqué, ce sont les collections de récits de voyage, pour la plupart consacrés à l’Inde, à l’Afrique et aux îles Masacareignes, ainsi que les grands textes d’exploration, de Dumont d’Urville ou de l’Abbé Rochon, de Bougainville, de Cook, et bien sûr le Livre des Merveilles de Marco Polo. Dans la vie médiocre d’une petite bourgade de province endormie au soleil, après les années de liberté en Afrique, ces livres m’ont donné le goût de l’aventure, ils m’ont permis de pressentir la grandeur du monde réel, de l’explorer par l’instinct et par les sens plutôt que par les connaissances. D’une certaine façon ils m’ont permis de ressentir très tôt la nature contradictoire de la vie d’ enfant, qui garde un refuge où il peut oublier la violence et la compétition, et prendre son plaisir à regarder la vie extérieure par le carré de sa fenêtre.
Dans les instants qui ont précédé l’annonce, pour moi très étonnante, de la distinction que m’octroyait l’Académie de Suède, j’étais en train de relire un petit livre de Stig Dagerman que j’aime particulièrement : la collection de textes politiques intitulée Essäer och texter (La Dictature du Chagrin). Ce n’était par hasard que je me replongeais dans la lecture de ce livre caustique et amer. Je devais me rendre en Suède pour y recevoir le prix que l’association des amis de Dagerman m’avait donné l’été passé, afin de rendre visite aux lieux de l’enfance de cet écrivain. J’ai toujours été sensible à l’écriture de Dagerman, à ce mélange de tendresse juvénile, de naïveté et de sarcasme. À son idéalisme. À la clairvoyance avec laquelle il juge son époque troublée de l’après-guerre, pour lui le temps de la maturité, pour moi celui de mon enfance. Une phrase en particulier m’a arrêté, et m’a semblée s’adresser à moi dans cet instant précis – alors que je venais de publier un roman intitulé Ritournelle de la Faim. Cette phrase, ou plutôt ce passage, le voici : « Comment est-il possible par exemple de se comporter, d’un côté comme si rien au monde n’avait plus d’importance que la littérature, alors que de l’autre il est impossible de ne pas voir alentour que les gens luttent contre la faim et sont obligés de considérer que le plus important pour eux, c’est ce qu’ils gagnent à la fin du mois ? Car il (l’écrivain) bute sur un nouveau paradoxe : lui qui ne voulait écrire que pour ceux qui ont faim découvre que seuls ceux qui ont assez à manger ont loisir de s’apercevoir de son existence. » (L’écrivain et la conscience)
Cette « forêt de paradoxes », comme l’a nommé Stig Dagerman, c’est justement le domaine de l’écriture, le lieu dont l’artiste ne doit pas chercher à s’échapper, mais bien au contraire dans lequel il doit « camper » pour en reconnaître chaque détail, pour explorer chaque sentier, pour donner son nom à chaque arbre. Ce n’est pas toujours un séjour agréable. Lui qui se croyait à l’abri, elle qui se confiait à sa page comme à une amie intime et indulgente, les voici confrontés au réel, non pas seulement comme observateurs, mais comme des acteurs. Il leur faut choisir leur camp, prendre des distances. Cicéron, Rabelais, Condorcet, Rousseau, Madame de Staël, ou bien plus récemment Soljenitsyne ou Hwang Seok-yong, Abdelatif Laâbi ou Milan Kundera ont eu à prendre la route de l’exil. Pour moi qui ai toujours connu – sauf durant la brève période de la guerre – la possibilité de mouvement, l’interdiction de vivre dans le lieu qu’on a choisi est aussi inacceptable que la privation de liberté.
Mais cette liberté de bouger comme un privilège a pour conséquence le paradoxe. Voyez l’arbre aux épines hérissées au sein de la forêt qu’habite l’écrivain : cet homme, cette femme occupés à écrire, à inventer leurs songes, ne sont-ils pas les membres d’une très heureuse et réduite happy few ? Imaginons une situation extrême, terrifiante – celle-là même que vit le plus grand nombre sur notre planète. Celle qu’ont vécue jadis, au temps d’Aristote ou au temps de Tolstoï, les inqualifiables – les serfs, serviteurs, vilains de l’Europe au Moyen-Âge, ou peuples razziés au temps des Lumières sur la côte d’Afrique, vendus à Gorée, à El Mina, à Zanzibar. Et aujourd’hui même, à l’heure que je vous parle, tous ceux qui n’ont pas droit à la parole, qui sont de l’autre côté du langage. C’est la pensée pessimiste de Dagerman qui m’envahit plutôt que le constat militant de Gramsci ou le pari désabusé de Sartre. Que la littérature soit le luxe d’une classe dominante, qu’elle se nourrisse d’idées et d’images étrangères au plus grand nombre, cela est à l’origine du malaise que chacun de nous éprouve – je m’adresse à ceux qui lisent et écrivent. L’on pourrait être tenté de porter cette parole à ceux qui en sont exclus, les inviter généreusement au banquet de la culture. Pourquoi est-ce si difficile ? Les peuples sans écriture, comme les anthropologues se sont plu à les nommer, sont parvenus à inventer une commun- ication totale, au moyen des chants et des mythes. Pourquoi est-ce devenu aujourd’hui impossible dans notre société industrialisée ? Faut-il réinventer la culture ? Faut-il revenir à une communication immédiate, directe ? On serait tenté de croire que le cinéma joue ce rôle aujourd’hui, ou bien la chanson populaire, rythmée, rimée, dansée. Le jazz peut-être, ou sous d’autres cieux, le calypso, le maloya, le sega.
Le paradoxe ne date pas d’hier. François Rabelais, le plus grand écrivain de langue française, partit jadis en guerre contre le pédantisme des gens de la Sorbonne en jetant à leur face les mots saisis dans la langue populaire. Parlait-il pour ceux qui ont faim ? Débordements, ivresses, ripailles. Il mettait en mots l’extraordinaire appétit de ceux qui se nourrissaient de la maigreur des paysans et des ouvriers, pour le temps d’une mascarade, d’un monde à l’envers. Le paradoxe de la révolution, comme l’épique chevauchée du chevalier à la triste figure, vit dans la conscience de l’écrivain. S’il y a une vertu indispensable à sa plume, c’est qu’elle ne doive jamais servir à la louange des puissants, fût-ce du plus léger chatouillis. Et pourtant, même dans la pratique de cette vertu, l’artiste ne doit pas se sentir lavé de tout soupçon. Sa révolte, son refus, ses imprécations restent d’un certain côté de la barrière, du côté de la langue des puissants. Quelques mots, quelques phrases s’échappent. Mais le reste ? Un long palimpseste, un atermoiement élégant et distant. L’humour, parfois, qui n’est pas la politesse du désespoir mais la désespérance des imparfaits, la plage où le courant tumultueux de l’injustice les abandonne.
Alors, pourquoi écrire ? L’écrivain, depuis quelque temps déjà, n’a plus l’outrecuidance de croire qu’il va changer le monde, qu’il va accoucher par ses nouvelles et ses romans un modèle de vie meilleur. Plus simplement, il se veut témoin. Voyez cet autre arbre dans la forêt des paradoxes. L’écrivain se veut témoin, alors qu’il n’est, la plupart du temps, qu’un simple voyeur.
Témoin, il arrive que l’artiste le soit : Dante dans La Divina Commedia, Shakespeare dans The Tempest – et Césaire dans la magnifique reprise de cette pièce, appelée Une Tempête, dans laquelle Caliban, à cheval sur un baril de poudre, menace d’emmener avec lui dans la mort ses maîtres détestés. Témoin, il l’est parfois de façon irrécusable, comme Euclides da Cunha dans Os Sertões, ou comme Primo Levi. L’absurde du monde est dans Der Prozess (ou dans les films de Chaplin), son imperfection dans La Naissance du jour de Colette, sa fantasmagorie dans la chanson irlandaise que Joyce a mise en scène dans Finnegans Wake. Sa beauté brille d’un éclat irrésistible dans The Snow Leopard de Peter Matthiessen ou dans A Sand County Almanach d’Aldo Leopold. Sa méchanceté dans Sanctuary de William Faulkner, ou dans Première neige de Lao She. Sa fragilité d’enfance dans Ormen (Le Serpent) de Dagerman.

L’écrivain n’est jamais un meilleur témoin que lorsqu’il est un témoin malgré lui, à son corps défendant. Le paradoxe, c’est que ce dont il témoigne n’est pas ce qu’il a vu, ni même ce qu’il a inventé. L’amertume, parfois le désespoir, viennent de ce qu’il n’est pas présent au réquisitoire. Tolstoï nous fait voir le malheur que l’armée napoléonienne inflige à la Russie, et pourtant rien n’est changé dans le cours de l’histoire. Mme de Duras écrit Ourika, Harriet Beecher Stowe Uncle Tom’s Cabin, mais ce sont les peuples esclaves qui changent leur propre destin, qui se révoltent et fondent contre l’injustice les résistances marronnes, au Brésil, en Guyane, aux Antilles, et la première république noire en Haïti.
Agir, c’est ce que l’écrivain voudrait par-dessus tout. Agir, plutôt que témoigner. Ecrire, imaginer, rêver, pour que ses mots, ses inventions et ses rêves interviennent dans la réalité, changent les esprits et les coeurs, ouvrent un monde meilleur. Et cependant, à cet instant même, une voix lui souffle que cela ne se pourra pas, que les mots sont des mots que le vent de la société emporte, que les rêves ne sont que des chimères. De quel droit se vouloir meilleur ? Est-ce vraiment à l’écrivain de chercher des issues ? N’est-il pas dans la position du garde champêtre dans la pièce du Knock ou Le Triomphe de la médecine, qui voudrait empêcher un tremblement de terre ? Comment l’écrivain pourrait-il agir, alors qu’il ne sait que se souvenir ?
La solitude sera son lot. Elle l’a toujours été. Enfant, il était cet être fragile, inquiet, réceptif excessivement, cette fille que décrit Colette, qui ne peut que regarder ses parents se déchirer, ses grands yeux noirs agrandis par une sorte d’atttention douloureuse. La solitude est aimante aux écrivains, c’est dans sa compagnie qu’ils trouvent l’essence du bonheur. C’est un bonheur contradictoire, mélange de douleur et de délectation, un triomphe derisoire, un mal sourd et omniprésent, à la manière d’une petite musique obsédante. L’écrivain est l’être qui cultive le mieux cette plante vénéneuse et nécessaire , qui ne croît que sur le sol de sa propre incapacité. Il voulait parler pour tous, pour tous les temps : le voilà, la voici dans sa chambre, devant le miroir trop blanc de la page vide, sous l’abat-jour qui distille une lumière secrète. Devant l’écran trop vif de son ordinateur, à écouter le bruit de ses doigts qui clic-claquent sur les touches. C’est cela, sa forêt. L’écrivain en connaît trop bien chaque sente. Si parfois quelque chose s’en échappe, comme un oiseau levé par un chien à l’aube, c’est sous son regard éberlué – c’était au hasard, c’était malgré lui, malgré elle.
Mais je ne voudrais pas me complaire dans une attitude négative. La littérature – c’est là que je voulais en venir – n’est pas une survivance archaïque à laquelle devrait se substituer logiquement les arts de l’audiovisuel, et particulièrement le cinéma. Elle est une voie complexe, difficile, mais que je crois encore plus nécessaire aujourd’hui qu’au temps de Byron ou de Victor Hugo.

Il y a deux raisons à cette nécessité : D’abord, parce que la littérature est faite de langage. C’est le sens premier du mot : lettres, c’est-à-dire ce qui est écrit. En France, le mot roman désigne ces écrits en prose qui utilisaient pour la première fois depuis le Moyen Age la langue nouvelle que chacun parlait, la langue romane. La nouvelle vient aussi de cette idée de la nouveauté. A peu près à la même époque, en France l’on a cessé d’utiliser le mot rimeur (de rime) pour parler de poésie et de poètes – du verbe grec poiein, créer. L’écrivain, le poète, le romancier, sont des créateurs . Cela ne veut pas dire qu’ils inventent le langage, cela veut dire qu’ils l’utilisent pour créer de la beauté, de la pensée, de l’image. C’est pourquoi l’on ne saurait se passer d’eux. Le langage est l’invention la plus extraordinaire de l’humanité, celle qui précède tout, partage tout. Sans le langage, pas de sciences, pas de technique, pas de lois, pas d’art, pas d’amour. Mais cette invention, sans l’apport des locuteurs, devient virtuelle. Elle peut s’anémier, se réduire, disparaître. Les écrivains, dans une certaine mesure, en sont les gardiens. Quand ils écrivent leurs romans, leurs poèmes, leur théâtre, ils font vivre le langage. Ils n’utilisent pas les mots, mais au contraire ils sont au service du langage. Ils le célèbrent, l’aiguisent, le transforment, parce que le langage est vivant par eux, à travers eux et accompagne les transformations sociales ou économiques de leur epoque.
Lorsque, au siècle dernier, les théories racistes se sont fait jour, l’on a évoqué les différences fondamentales entre les cultures. Dans une sorte de hiérarchie absurde, l’on a fait correspondre la réussite économique des puissances coloniales avec une soi-disant supériorité culturelle. Ces théories, comme une pulsion fiévreuse et malsaine, de temps à autre ressurgissent ça et là pour justifier le néo-colonialisme ou l’impérialisme. Certains peuples seraient à la traîne, n’auraient pas acquis droit de cité (de parole) du fait de leur retard économique, ou de leur archaïsme technologique. Mais s’est-on avisé que tous les peuples du monde, où qu’ils soient, et quel que soit leur degré de développement, utilisent le langage ? Et chacun de ces langages est ce même ensemble logique, complexe, architecturé, analytique, qui permet d’exprimer le monde – capable de dire la science ou d’inventer les mythes.
Ayant défendu l’existence de cet être ambigu et un peu archaïque qu’est l’écrivain, je voudrais dire la deuxième raison de l’existence de la littérature, car celle-ci touche davantage au beau métier de l’édition.
L’on parle beaucoup de mondialisation aujourd’hui. On oublie que le phénomène a commencé en Europe à la Renaissance, avec le début de l’ère coloniale. La mondialisation n’est pas une mauvaise chose en soi. La communication rend le progrès plus rapide, en médecine, ou en sciences. Peut-être que la généralisation de l’information rendra les conflits plus difficiles. S’il y avait eu internet, il est possible que Hitler n’eût pas réussi son complot mafieux – le ridicule l’eût peut-être empêché de naître.

Nous vivons, paraît-il, à l’ère de l’internet et de la communication virtuelle. Cela est bien, mais que valent ces stupéfiantes inventions sans l’enseignement de la langue écrite et sans les livres ? Fournir en écrans à cristaux liquides la plus grande partie de l’humanité relève de l’utopie. Alors ne sommes-nous pas en train de créer une nouvelle élite, de tracer une nouvelle ligne qui divise le monde entre ceux qui ont accès à la communication et au savoir et ceux qui restent les exclus du partage ? De grands peuples, de grandes civilisations ont disparu faute de l’avoir compris. Certes de grandes cultures, que l’on dit minoritaires, ont su résister jusqu’à aujourd’hui, grâce à la transmission orale des savoirs et des mythes. Il est indispensable, il est bénéfique de reconnaître l’apport de ces cultures. Mais que nous le voulions ou non, même si nous ne sommes pas encore à l‘âge du réel, nous ne vivons plus à l’âge du mythe. Il n‘est pas possible de fonder le respect d’autrui et l’égalité sans donner à chaque enfant le bienfait de l’ecriture.
Aujourd’hui, au lendemain de la décolonisation, la littérature est un des moyens pour les hommes et les femmes de notre temps d’exprimer leur identité, de revendiquer leur droit à la parole, et d’être entendus dans leur diversité. Sans leur voix, sans leur appel, nous vivrions dans un monde silencieux.
La culture à l’échelle mondiale est notre affaire à tous. Mais elle est surtout la responsabilité des lecteurs, c’est-à-dire celle des éditeurs. Il est vrai qu’il est injuste qu’un Indien du grand Nord Canadien, pour pouvoir être entendu, ait à écrire dans la langue des conquérants – en Français, ou en Anglais. Il est vrai qu’il est illusoire de croire que la langue créole de Maurice ou des Antilles pourra atteindre la même facilité d’écoute que les cinq ou six langues qui règnent aujourd’hui en maîtresses absolues sur les médias. Mais si, par la traduction, le monde peut les entendre, quelque chose de nouveau et d’optimiste est en train de se produire. La culture, je le disais, est notre bien commun, à toute l’humanité. Mais pour que cela soit vrai, il faudrait que les mêmes moyens soient donnés à chacun, d’accéder à la culture. Pour cela, le livre est, dans tout son archaïsme, l’outil idéal. Il est pratique, maniable, économique. Il ne demande aucune prouesse technologique particulière, et peut se conserver sous tous les climats. Son seul défaut – et là je m’adresse particulièrement aux éditeurs – est d’être encore difficile d’accès pour beaucoup de pays. A Maurice le prix d’un roman ou d’un recueil de poèmes correspond à une part importante du budget d’une famille. En Afrique, en Asie du Sud-Est, au Mexique, en Océanie, le livre reste un luxe inaccessible. Ce mal n’est pas sans remède. La coédition avec les pays en voie de développement, la création de fonds pour les bibliothèques de prêt ou les bibliobus, et d’une façon générale une attention accrue apportée à l’égard des demandes et des écritures dans les langues dites minoritaires – très majoritaires en nombre parfois – permettrait à la littérature de continuer d’être ce merveilleux moyen de se connaître soi-même, de découvrir l’autre, d’entendre dans toute la richesse de ses thèmes et de ses modulations le concert de l’humanité.
Il me plaît assez de parler encore de la forêt. C’est sans doute pour cela que la petite phrase de Stig Dagerman résonne dans ma mémoire, pour cela que je veux la lire et la relire, m’en pénétrer. Il y a quelque chose de désespéré en elle, et au même instant de jubilatoire, parce que c’est dans l’amertume que se trouve la part de vérité que chacun cherche. Enfant, je rêvais de cette forêt. Elle m’épouvantait et m’attirait à la fois – je suppose que le petit Poucet, ou Hansel devaient ressentir la même émotion, quand elle se refermait sur eux avec tous ses dangers et toutes ses merveilles. La forêt est un monde sans repères. La touffeur des arbres, l’obscurité qui y règnent peuvent vous perdre. L’on pourrait dire la même chose du désert, ou de la haute mer, lorsque chaque dune, chaque colline s’écarte pour montrer une autre colline, une autre vague parfaitement identiques. Je me souviens de la première fois que j’ai ressenti ce que peut être la littérature – Dans The Call of the Wild, de Jack London, précisément, l’un des personnages, perdu dans la neige, sent le froid l’envahir peu à peu alors que le cercle des loups se referme autour de lui. Il regarde sa main déjà engourdie, et s’efforce de bouger chaque doigt l’un après l’autre. Cette découverte pour l’enfant que j’étais avait quelque chose de magique. Cela s’appelait la conscience de soi.
Je dois à la forêt une de mes plus grandes émotions littéraires de mon âge adulte. Cela se passe il y a une trentaine d’années, dans une région d’Amérique centrale appelée El Tapón de Darien, le Bouchon, parce que c’est là que s’interrompait alors (et je crois savoir que depuis la situation n’a pas changé) la route Panaméricaine qui devait relier les deux Amériques, de l’Alaska à la pointe de la Terre de Feu. L’isthme de Panama, dans cette partie, est couvert d’une forêt de pluie extrêmement dense, dans laquelle il n’est possible de voyager qu’en remontant le cours des fleuves en pirogue. Cette forêt est habitée par une population amérindienne, divisée en deux groupes, les Emberas et les Waunanas, tous deux appartenant à la famille linguistique Ge-Pano-Karib. Etant venu là par hasard, je me suis trouvé fasciné par ce peuple au point d’y faire plusieurs séjours assez longs, pendant environ trois ans. Pendant tout ce temps, je n’ai rien fait d’autre que d’aller à l’aventure, de maison en maison – car ce peuple refusait alors de se grouper en villages – et d’apprendre à vivre selon un rythme entièrement différent de ce que j’avais connu jusque là. Comme toutes les vraies forêts, cette forêt était particulièrement hostile. Il fallait faire l’inventaire de tous les dangers, et aussi de tous les moyens de survie qu’elle comportait. Je dois dire que dans l’ensemble, les Emberas ont été très patients avec moi. Ma maladresse les faisait rire, et je crois que dans une certaine mesure, je leur ai rendu en distraction un peu de ce qu’ils m’ont appris en sagesse. Je n’écrivais pas beaucoup. La forêt n’est pas un milieu idéal pour cela. L’humidité détrempe le papier, la chaleur dessèche les crayons à bille. Rien de ce qui marche à l’électricité ne dure très longtemps. J’arrivais là avec la conviction que l’écriture était un privilège, et qu’il me resterait toujours pour résister à tous les problèmes de l’existence. Une protection, en quelque sorte, une espèce de vitre virtuelle que je pouvais remonter à ma guise pour m’abriter des intempéries.
Ayant assimilé le système de communisme primordial que pratiquent les Amérindiens, ainsi que leur profond dégoût pour l’autorité, et leur tendance à une anarchie naturelle, je pouvais imaginer que l’art, en tant qu’expression individuelle, ne pouvait avoir cours dans la forêt. D’ailleurs, rien chez ces gens qui pût ressembler à ce que l’on appelle l’art dans notre société de consommation. Au lieu de tableaux, les hommes et les femmes peignent leur corps, et répugnent de façon générale à construire rien de durable. Puis j’ai eu accès aux mythes. Lorsqu’on parle de mythes, dans notre monde de livres écrits, l’on semble parler de quelque chose de très lointain, soit dans le temps, soit dans l’espace. Je croyais moi aussi à cette distance. Et voilà que les mythes venaient à moi, régulièrement, presque chaque nuit. Près d’un feu de bois construit sur le foyer à trois pierres dans les maisons, dans le ballet des moustiques et des papillons de nuit, la voix des conteurs et des conteuses mettait en mouvement ces histoires, ces légendes, ces récits, comme s’ils parlaient de la réalité quotidienne. Le conteur chantait d’une voix aigüe, en frappant sa poitrine, son visage mimait les expressions, les passions, les inquiétudes des personnages. Cela aurait pu être du roman, et non du mythe. Mais une nuit est arrivée une jeune femme. Son nom était Elvira. Dans toute la forêt des Emberas, Elvira était connue pour son art de conter. C’était une aventurière, qui vivait sans homme, sans enfants – on racontait qu’elle était un peu ivrognesse, un peu prostituée, mais je n’en crois rien – et qui allait de maison en maison pour chanter, moyennant un repas, une bouteille d’alcool, parfois un peu d’argent. Bien que je n’aie eu accès à ses contes que par le biais de la traduction – la langue embera comprend une version littéraire beaucoup plus complexe que la langue de chaque jour – j’ai tout de suite compris qu’elle était une grande artiste, dans le meilleur sens qu’on puisse donner à ce mot. Le timbre de sa voix, le rythme de ses mains frappant ses lourds colliers de pièces d’argent sur sa poitrine, et par-dessus tout cet air de possession qui illuminait son visage et son regard, cette sorte d’emportement mesuré et cadencé, avaient un pouvoir sur tous ceux qui étaient présents. A la trame simple des mythes – l’invention du tabac, le couple des jumeaux originels, histoires de dieux et d’humains venues du fond des temps, elle ajoutait sa propre histoire, celle de sa vie errante, ses amours, les trahisons et les souffrances, le bonheur intense de l’amour charnel, l’acide de la jalousie, la peur de vieillir et de mourir. Elle etait la poésie en action, le théâtre antique, en meme temps que le roman le plus contemporain. Elle était tout cela avec feu, avec violence, elle inventait, dans la noirceur de la forêt, parmi le bruit environnant des insectes et des crapauds, le tourbillon des chauves-souris, cette sensation qui n’a pas d’autre nom que la beauté. Comme si elle portait dans son chant la puissance véridique de la nature, et c’était là sans doute le plus grand paradoxe, que ce lieu isolé, cette forêt, la plus éloignée de la sophistication de la littérature, était l’endroit où l’art s’exprimait avec le plus de force et d’authenticité.
Ensuite j’ai quitté ce pays, je n’ai plus jamais revu Elvira, ni aucun des conteurs de la forêt du Darien. Mais il m’est resté beaucoup plus que de la nostalgie, la certitude que la littérature pouvait exister, malgré toute l’usure des conventions et des compromis, malgré l’incapacité dans laquelle les écrivains étaient de changer le monde. Quelque chose de grand et de fort, qui les surpasse, parfois les anime et les transfigure, et leur rend l’harmonie avec la nature. Quelque chose de neuf et de très ancien à la fois, impalpable comme le vent, immatériel comme les nuages, infini comme la mer. Ce quelque chose qui vibre dans la poésie de Jallal Eddine Roumi, par exemple, ou dans l’architecture visionnaire d’Emanuel Swedenborg. Le frisson que l’on éprouve à lire les plus beaux textes de l’humanité, tel le discours que le chef Stealth des Indiens Lumni adressait à la fin du dix-neuvième siècle au Président des Etats-Unis, afin de lui faire don de la terre : « Peut-être sommes nous frères… »
Quelque chose de simple, de vrai, qui n’existe que dans le langage. Une allure, une ruse parfois, une danse grinçante, ou bien de grandes plages de silence. La langue de la moquerie, les interjections, les malédictions, et tout de suite après, la langue du paradis.
C’est à elle, Elvira, que j’adresse cet éloge – à elle que je dédie ce Prix que l’Académie de Suède me remet. À elle, et à tous ces écrivains avec qui – ou parfois contre qui j’ai vécu. Aux Africains, Wole Soyinka, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti, à Cry the Beloved Country d’Alan Paton, à Chaka de Tomas Mofolo.. Au très grand Mauricien Malcolm de Chazal, auteur, entre autres de Judas. Au romancier mauricien hindi Abhimanyu Unnuth, pour Lal passina (Sueur de sang), la romancière urdu Hyder Qurratulain pour l’épopée de Ag ka Darya (River of fire). Au Réunionnais Danyèl Waro, le chanteur de maloyas, l’insoumis, à la poétesse kanak Dewé Gorodé qui a défié le pouvoir colonial jusqu’en prison, à Abdourahman Waberi le révolté. À Juan Rulfo, à Pedro Paramo et aux nouvelles du El llano en llamas, aux photos simples et tragiques qu’il a faites dans la campagne mexicaine. À John Reed pour Insurgent Mexico, à Jean Meyer pour avoir porté la parole d’Aurelio Acevedo et des insurgés Cristeros du Mexique central. À Luis González, auteur de Pueblo en vilo. À John Nichols, qui a écrit sur l’âpre pays dans The Milagro Beanfield War, à Henry Roth, mon voisin de la rue New York à Albuquerque (Nouveau Mexique) pour Call it Sleep. À J.P. Sartre, pour les larmes contenues dans sa pièce Morts sans sépulture. À Wilfrid Owen, au poète mort sur les bords de la Marne en 1914. À J.D. Salinger, parce qu’il a réussi à nous faire entrer dans la peau d’un jeune garçon de quatorze ans nommé Holden Caufield. Aux écrivains des premières nations de l’Amérique, le Sioux Sherman Alexie, le Navajo Scott Momaday, pour The Names. A Rita Mestokosho, poétesse innue de Mingan (Province de Québec) qui fait parler les arbres et les animaux. À José Maria Arguedas, à Octavio Paz, à Miguel Angel Asturias. Aux poètes des oasis de Oualata, de Chinguetti. Aux grands imaginatifs que furent Alphonse Allais et Raymond Queneau. À Georges Perec pour Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? Aux Antillais Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, au Haitien René Depestre, à Schwartz-Bart pour Le Dernier des justes. Au poète mexicain Homero Aridjis qui nous glisse dans la vie d’une tortue lyre, et qui parle des fleuves orangés des papillons monarques coulant dans les rues de son village, à Contepec. À Vénus Koury Ghata qui parle du Liban comme d’un amant tragique et invincible. À Khalil Jibran. À Rimbaud. À Emile Nelligan. À Réjean Ducharme, pour la vie.
À l’enfant inconnu que j’ai rencontré un jour, au bord du fleuve Tuira, dans la forêt du Darién. Dans la nuit, assis sur le plancher d’une boutique, éclairé par la flamme d’une lampe à kérosène, il lit un livre et écrit, penché en avant, sans prêter attention à ce qui l’entoure, sans se soucier de l’inconfort, du bruit, de la promiscuité, de la vie âpre et violente qui se déroule à côté de lui. Cet enfant assis en tailleur sur le plancher de cette boutique, au coeur de la forêt, en train de lire tout seul à la flamme de la lampe, n’est pas là par hasard. Il ressemble comme un frère à cet autre enfant dont je parle au commencement de ces pages, qui s’essaie à écrire avec un crayon de charpentier au verso des carnets de rationnement, dans les sombres années de l’après-guerre. Il nous rappelle les deux grandes urgences de l’histoire humaine, auxquelles nous sommes hélas loin d’avoir répondu. L’éradication de la faim, et l’alphabétisation.
Dans tout son pessimisme, la phrase de Stig Dagerman sur le paradoxe fondamental de l’écrivain, insatisfait de ne pouvoir s’adresser à ceux qui ont faim – de nourriture et de savoir – touche à la plus grande vérité. L’alphabétisation et la lutte contre la famine sont liées, étroitement interdépendantes. L’une ne saurait réussir sans l’autre. Toutes deux demandent – exigent aujourd’hui notre action. Que dans ce troisième millénaire qui vient de commencer, sur notre terre commune, aucun enfant, quel que soit son sexe, sa langue ou sa religion, ne soit abandonné à la faim ou à l’ignorance, laissé à l’écart du festin. Cet enfant porte en lui l’avenir de notre race humaine. À lui la royauté, comme l’a écrit il y a très longtemps le Grec Héraclite.


J.M.G. Le Clézio , Bretagne, 4 novembre 2008

harold pinter - discurso do nobel

Em 1958 escrevi: “não há uma grande diferença entre aquilo que é real e aquilo que é irreal, nem entre aquilo que é verdade e aquilo que é falso. Uma coisa pode não ser nem verdadeira nem falsa. Pode ser ao mesmo tempo verdadeira e falsa.”
Acho que esta afirmação ainda faz sentido e se aplica ainda à exploração de realidade através da arte. Por isso, enquanto escritor defendo esta afirmação. Por isso o defendo enquanto artista. Mas enquanto cidadão não, enquanto cidadão tenho de perguntar: o que é que é verdade? O que é que é falso?”
No teatro, a verdade esquiva-se sempre. Quase nunca a encontramos, mas é forçoso andar em sua busca. A busca é claramente aquilo que guia os nossos esforços. A procura é o nosso trabalho. É muitas vezes no escuro que tropeçamos na verdade, esbarramos com ela, ou vislumbramos uma imagem ou uma forma que parece correspoonder à verdade, mas muitas vezes também acontece não sabermos que o fizemos. Mas a verdade mesmo é que não há nunca uma só verdade que possamos encontrar na arte do teatro. Há muitas. Estas verdades desafiam-se umas às outras, repercutem, reflectem-se, ignoram-se, espicaçam-se, são insensíveis umas às outras. Às vezes, pensamos que temos a verdade de um momento na mão, e ela escapa-se-nos por entre os dedos e perde-se.
Muitas vezes me perguntam como nascem as minhas peças. Não sei dizer. Nem sei resumir nenhuma das minhas peças. Não sei descrever nenhuma. Só sei dizer: foi isto o que aconteceu, foi isto o que disseram, foi isto o que fizeram.
Muitas das peças começaram com uma frase, uma palavra ou uma imagem. À palavra junta-se quase logo uma imagem. Vou dar o exemplo de duas frases que me vieram à cabeça sei lá de onde e a que logo se seguiu uma imagem, a que logo se seguiu eu.
As peças são O Regresso A Casa e Há Tanto Tempo. A primeira frase de O Regresso A Casa é: “Onde é que puseste a tesoura?”. A primeira frase de Há Tanto Tempo é “Escuro”.
Em nenhum dos casos, eu não tinha mais informações.
No primeiro, era evidente que alguém estaria à procura de uma tesoura e estava a perguntar o que lhe fizera alguém que suspeita tê-la roubado. Mas eu, de certa maneira, sabia que a pessoa a quem a pergunta era feira se estava nas tintas para a tesoura ou mesmo para quem lhe fazia a pergunta.
‘Escuro’ achei que era a descrição do cabelo de alguém, o cabelo de uma mulher, e era a resposta a alguma pergunta. Em qualquer dos casos, senti-me obrigado a prosseguir. Isto passou-se visualmente, uma entrada lenta na luz, da sombra à luz.
Quando começo uma peça, chamo sempre A, B ou C às minhas personagens.
Na peça que viria a ser O Regresso A Casa, vi um homem entrar numa sala e fazer uma pergunta a um homem mais novo que estaria sentado num feio sofá a ler um jornal de apostas de cavalos. Tinha a ideia que A seria um pai e B um filho, mas não tinha provas. Isso, no entanto, seria confirmado daí a nada quando B (que viria a ser Lenny) diz a A ( que viria a ser Max), “O pai importa-se que eu mude de assunto? Queria fazer-lhe uma pergunta. Aquele jantar que nós comemos, como é que se chamava a comida? Qual é o nome que o pai dá àquilo? Porque é que não compra um cão? É um cozinheiro de cães. A sério. O pai acha que cozinha para cães.”
Ou seja, a partir do momento em que B chama “Pai” a A, pareceu-me aceitável que fossem pai e filho. Também A é claramente o cozinheiro e a sua arte não é muito apreciada. Quererá isto dizer que não há mãe? Não sabia. Mas, tal como para mim mesmo me disse, os nossos princípios não sabem dos nossos desenlaces.
‘Escuro.’ Uma janela grande. Um céu nocturno. Um homem, A ( que viria a ser Deeley), e uma mulher, B (que viria a ser Kate), sentados a beber. ‘Gorda ou magra?’ pergunta o homem. De quem é que estariam a falar? E nessa altura vejo, de pé, junto a uma janela, uma mulher, C (que viria a ser Anna), iluminada de outra maneira, de costas para eles, cabelo escuro.
É um momento estranho, o momento de criar personagens que nunca existiram até essa altura. Aquilo que se segue é incerto, inseguro, ás vezes alucinante - e às vezes mesmo uma avalanche que não pára. A posição do autor é estranha. Num certo sentido, as personagens não o querem por lá. As personagens resistem, não são de convívio fácil, são de difícil definição. De certa forma, estamos num jogo sem fim com elas, gato e rato, à cabra-cega, às escondidas. E acabamos por ter nas nossas mãos pessoas de carne e osso, pessoas com desejos e com sensibilidade própria, feitas de elementos que já não conseguimos alterar, manipular ou distorcer.
É assim que a linguagem na arte continua a ser uma transacção extremamente ambígua, uma areia movediça, um trampolim, um lago gelado que a qualquer momento pode ceder ao nosso peso, ao peso do autor.
Mas, como disse, a busca da verdade não pode parar. Não pode ser adiada, não pode ser suspensa. Tem de ser afrontada, e logo.
O teatro político tem toda uma outra série de problemas. Tem de se evitar os sermões a todo o custo. A objectividade é essencial. As personagens têm de poder respirar o seu próprio ar. O autor não pode confiná-las nem obrigá-las a satisfazer-lhe o seu gosto ou as preferências e tendências que são as suas suas. Tem de estar preparado para as observar sob uma grande variedade de ângulos, um leque de perspectivas diversas e sem preconceitos, apanhá-las de surpresa, talvez, de vez em quando, mas deixando-lhes a liberdade de seguirem o seu próprio caminho. Nem sempre funciona. E a sátira política, é evidente, não obedece a nenhum destes preceitos, está exactamente no lado oposto, e essa a sua função principal.
Na minha peça Feliz Aniversário, creio ter lançado um grande leque de pistas que nos guiam por uma densa floresta de possibilidades, até me concentrar, no final, num acto de submisssão.
Língua de Montanha não funciona numa escala tão aberta. É brutal, breve e feia. Mas os soldados da peça conseguem divertir-se com a situação. As pessoas esquecem-se que os torturadores se aborrecem facilmente. Precisam de gargalhadas para manter o moral. Isto vimo-lo em Abu Ghraib em Bagdade. Língua de Montanha dura só 20 minutos, mas podia prolongar-se, horas e horas, com o mesmo padrão a repetir-se e repetir-se, hora após hora.
Cinza às Cinzas, por outro lado, parece-me passar-se debaixo de água. Uma mulher que se afoga, a mão dela que emerge das vagas, que cai fora do alcance da nossa vista, tentando alcançar outras mãos, mas sem encontrar ninguém, nem por baixo nem por cima da água, só sombras, refexos. A mulher é uma silhueta perdida numa paisagem que se afoga, uma mulher que não é capaz de escapar ao trágico destino que parecia pertencer apenas aos outros.
Mas tal como eles morreram, também ela morrerá.
A linguagem política, tal como é usada pelos políticos, não se aventura por nenhum destes territórios, dado que, na generalidade, os políticos, naquilo que deles podemos ver com clareza, estão interessados não na verdade mas no poder e na manutenção desse poder. Para manter esse poder, é fundamental que as pessoas continuem ignorantes, que vivam na ignorância da verdade, e até da verdade das suas próprias vidas.Aquilo que nos rodeia é uma vasta tapeçaria de mentiras, sobre a qual nos vamos alimentando.
Como qualquer um de nós sabe, a invasão do Iraque foi justificada pelo facto de Saddam Hussein possuir um grande arsenal de armas de destruição em massa, algumas das quais poderiam ser activadas em 45 minutos, com efeito terrivelmente devastador. Garantiram que era verdade. Não era verdade. Disseram-nos que o Iraque tinha ligações com a Al Quaeda e partilhava a responsabilidade pelas atrocidades ocorridas em Nova Iorque a 11 de Setembro de 2001. Garantiram que era verdade. Não era verdade. Disseram-nos que o Iraque era uma ameaça para a segurança mundial. Garantiram que era verdade. Não era verdade.
A verdade é uma coisa inteiramente diferente. A verdade tem a ver com o papel que os Estados Unidos julgam ter no mundo e como escolhem encarná-lo.
Mas antes de voltar ao presente, quero ir atrás, até ao passado recente. Quero eu dizer à política externa dos Estados Unidos desde a II Guerra Mundial. Acho que temos a obrigação de analisar este período de forma rigorosa, embora limitada pelo tempo de que aqui dispomos.
Todos sabemos o que aconteceu na União Soviética e em toda a Europa de Leste durante o período do pós-guerra: a brutalidade sistemática, as atrocidades largamente difundidas, a brutal irradicação do pensamento independente. E tudo isso foi amplamente documentado e verificado.
Mas eu defendo aqui que os crimes que os Estados Unidos cometeram nesse mesmo período só superficialmente foram retidos, quanto mais documentados, e é se alguém os reconheceu como crimes. Creio que esta questão tem de ser colocada e que a verdade tem uma relação evidente com o estado actual do mundo. Embora, até certo ponto, condicionadas pela acção da União Soviética, as acções levadas a cabo pelos Estados Unidos no mundo inteiro dão claramente a entender que eles se tinham autorizado uma carta branca para fazer aquilo que queriam.
A invasão directa de um estado soberano nunca foi, de facto, o método preferido da América. Na maior parte dos casos, sempre preferiu aquilo que qualifica como “ conflito de baixa intensidade”. “Conflto de baixa intensidade” quer dizer que há milhares de pessoas que morrem mas mais devagar do que se se lhes atirasse uma bomba para cima. Quer dizer que se lhes infecta o coração do país, que se lhes injecta um tumor maligno e se fica a ver o crescimento da gangrena. Quando o povo se rende – ou é espancado até à morte, o que é a mesma coisa – e que os amigos, os miltares e as grandes empresas, se sentam comodamente no poder, avançam para frente das câmaras e dizem que a democracia venceu. Isto foi um lugar comum recorrente na política externa dos EU nos anos a que me refiro.
A tragédia da Nicarágua é particularmente significativa. Escolho-a aqui como exemplo claro da visão que a América tem do seu papel no mundo, nessa altura como agora.
No final dos anos 80, estive numa reunião na Embaixada Americana em Londres.
O Congresso dos EU ia decidir nessa altura se iria dar mais dinheiro aos Contras na sua campanha contra o estado da Nicarágua. Eu integrava uma delegação que representava a Nicarágua mas o membro mais importante desta delegação era um Padre John Metcalf. O chefe do campo americano era Raymond Seitz (nessa altura numero dois da embaixada, mais tarde, embaixador ele próprio ). O Padre Metcalf disse: “Tenho a meu cargo uma paróquia no norte da Nicarágua. Os meus paroquianos construíram uma escola, um centro de saúde, um centro cultural. Vivemos em paz. Há uns meses atrás uma força dos Contra atacou a nossa paróquia. Destruíram tudo: a escola, o centro de saúde, o centro cultural. Violaram enfermeiras e professoras, massacraram os médicos da forma mais brutal. Actuaram como selvagens. Por favor, peça ao Governo dos Estados Unidos que retire o apoio que dá a esta actividade terrorista.”
Raymond Seitz tinha fama de ser um homem particulamente inteligente, responsável e altamente sofisticado. Era muito respeitado nos círculos diplomáticos. Ouviu, calou-se e depois disse com alguma gravidade: “Padre”, disse ele “ deixe-me eu dizer-lhe uma coisa. Numa guerra, as pessoas inocentes sofrem sempre.” Houve um silêncio glacial. Olhámo-lo nos olhos. Ele nem pestanejou.
As pessoas inocentes, realmente, sofrem sempre.
Até que, por fim, alguém disse: ‘Mas neste caso, as pessoas inocentes são vítimas de uma actrocidade sem nome financiada pelo seu governo, e uma entre muitas. Se o Congresso conceder mais dinheiro aos Contras, haverá mais atrociodades deste género Não é assim? Não ficará o seu governo com a culpa de apoiar crimes de morte e destruição de cidadãos de um estado soberano?’
Seitz imperturbável. ‘ Não creio que os factos referidos demonstrem a vossa asserção,’ disse.
Ao sairmos da Embaixada, um conselheiro americano disse-me que ele apreciava o meu teatro. Não respondi.
Devo lembrar-vos que nessa altura o Presidente Reagan afirmou o seguinte: ‘Os Contras são o equivalente moral dos nossos Pais Fundadores.’
Os EU apoiaram a brutal ditadura de Somoza na Nicarágua por mais de 40 anos. O povo da Nicarágua, liderado pelos Sandinistas, fez cair este regime em 1979, uma arrebatadora revolução popular.
Os Sandinistas não eram perfeitos. Tinham a sua parte de arrogância e a sua filosofia política continha inúmeras contradições. Mas eram inteligentes, racionais e civilizados. Queriam instaurar uma sociedade decente, pluralista, estável. Aboliram a pena de morte. Centenas de milhares de camponeses marginalizados pela miséria viram renascer a esperança. Mais de 100.000 familias tiveram direito a terra. Foram construídas 2.000 escolas. Uma brilhante campanha de alfabetização reduziu a iliteracia até menos de 7%. Foi criada a educação gratuita e o serviço de saúde gratuito. A mortalidade infantil foi reduzida de um terço. A poliomilite foi erradicada.
Os EU acusaram estes feitos de subversão marxista-leninista. De acordo com o governo dos EU, a Nicarágua estava a dar um exemplo perigoso. Se continuasse a estabelecer normas elementares de justiça social e económica, se continuasse a elevar o grau dos cuidados de saúde e educação, se conseguisse atingir uma união social e um auto-respeito nacional, os países limítrofes haveriam de levantar as mesmas perguntas e fazer as mesmas coisas. Em El Salvador, havia, simultaneamente, uma bizarra resistência ao statuo quo.
Falei já de uma “tapeçaria de mentiras” que nos envolve a todos. O Presidente Reagan qualificava a Nicarágua como ‘uma masmorra totalitária’. Isto acabou por ser aceite pelos média – e certamente pelo governo britânico – como um comentário adequado. Não havia, no entanto, traça de esquadrões da morte no governo sandinista. Não havia traça de torturas. Não havia traça de brutalidade militar, sistemática e oficial. Nenhum padre foi assassinado na Nicarágua. Havia mesmo três padres no governo, dois Jesuitas e um missionário Maryknoll. As masmorras totalitárias estavam mesmo ao lado, em El Salvador e na Guatemala. Os EU tinham feito cair o governo democraticamente eleiito da Guatemala em 1954 e estima-se em mais de 200.000 o número de vitimas das sucessivas ditaduras militares.
Seis dos mais eminentes jesuitas do mundo foram traiçoeiramente assassinados na Univesidade de San Salvador em 1989 por um batalhão do regimento Alcatl treinado em Fort Benning, Georgia, EU. Aquele homem particularmente corajoso, o Arcebispo Romero foi assassinado ao dizer missa. Estima-se em 75,000 o número de mortos. Porque é que foram mortos? Foram mortos porque acreditaram que era possível uma vida melhor e que se devia lutar por ela. Essa convicção fez com que fossem acusados de ser comunistas. Morreram porque ousaram questionar o status quo, o interminável horizonte de pobreza, doença, decadência e opressão que foi o que tiveram como direitos ao nascer.
Os Estados Unidos acabaram por fazer cair o governo Sandinista . Demorou uns anos, encontrou uma resistência considerável mas a perseguição económica sem tréguas e os 30.000 mortos acabaram por fazer quebrar a determinação do povo da Nicarágua. Estavam exaustos e a miséria regressara. Os casinos voltaram. A educação e a saúde gratuitas acabaram. As grandes empresas voltaram, vingativas. A “democracia” venceu-
Mas esta “política” não diz apenas respeito ao que se passa na América Central. Foi levada a cabo em todo o mundo. Não tem fim. E é como se nunca tivesse acontecido.
Os Estados Unidos apoiaram e em muitos casos estiveram na origem de todas as ditaduras militares da direita nmo mundo desde o final da II Guerra Mundial. Estou a falar da Indonésia, Grécia, Uruguay, Brazil, Paraguay, Haiti, Turquia, Fiilipinas, Guatemala, El Salvador, e, é claro, do Chile. O horror que os EU fizeram abater sobre o Chile em 1973 não poderá nunca ser expiado nem esquecido.
Ocorreram centenas de milhares de mortes nestes países. Mas ocorreram? E podem ser atribuídas à política externa dos EU? A resposta é sim e que elas são da responsabilidade da política extrena dos EU. Mas nunca o saberíamos.
Nunca nada aconteceu. Nada aconteceu. Mesmo quando estava a acontecer, não aconteceu. Não tinha importância, Não tinha interesse. Os crimes dos EU são sistemáticos, regulares, viciosos, sem remorso mas poucos são os que falam deles. E a responsabilidade é da America. Exerceu uma manipulação de poder mundial a um nivel quase cirurgico ao mesmo tempo que se disfarçava em força do bem universal. É uma hipnose brilhante, esperta, altamente conseguida.
Afirmo-vos que os EU são sem sombra de dúvida quem, neste momento, tem em cena o maior espectáculo do mundo. Poderá parecer brutal, indiferente, desdenhoso e impiedoso mas é inegavelmente muito esperto. Tal como um caixeiro viajante, trabalha por conta própria e a mercadoria com mais saída é a auto-estima. É um vencedor. Ouçam como os presidentes dos EU dizem na televisão “ o povo americano”, como na frase “ Digo ao povo americano que é tempo de rezar e de defender os direitos do povo americano e peço ao povo americano que confie no seu presidente na acção que vai iniciar em defesa do povo americano.
O estratagema é brilhante. A linguagem é realmente usada para obscurecer o pensamento. A expressão “o povo americano” comporta em si uma voluptuosa almofada que nos dá confiança. Não é preciso pensar. Basta aconchegarmo-nos sobre a almofada. Pode ser que a almofada esteja a sufocar a inteligencia e as faculdades críticas mas é tão confortável. Isto, é claro, não se aplica aos 40 milhões de pessoas que vivem abaixo do limiar da pobreza e dos 2 milhões de homens e mulheres que estão presos no vasto gulag de prisões que se extende ao longo dos EU.
Os EU já não se preocupamm com os confitos de baixa intensidade. Já não vêm qualquer interesse em dar provas de reserva ou sequer de manhas. Atiram para cima da mesa as cartas sem medo. Estão-se realmente nas tintas para as Nações Unidas, a lei internacional ou as críticas, que consideram não ter qualquer poder ou importância. E ainda levam atrás de si, à trela, o pequeno cordeirinho que é a patética e submetida Gra Bretanha.
O que aconteceu com a nossa sensibilidade moral ? Alguma vez a tivemos? O que quer dizer esta expressão? Refere-se a um termo pouco usado nestes dias – consciência? Uma consciência de agir não apenas com os nossos próprios actos mas com a responsabilidade partilhada nas acções dos outros? Já tudo isto morreu? Olhe-se para a Baía de Guantanamo. Estão lá centenas de pessoas presas sem acusação, há mais de três anos, sem representantes legais, tecnicamente em prisão perpétua. Esta estrutura totalmente ilegítima é mantida à revelia da Convenção de Genebra. E é tolerada ou vista como se não existisse por aquilo a que se chama “a comunidade internacional”. Este crime escandaloso está a ser perpetrado por um país que se intitula “ defensor do mundo livre”. Pensamos nos prisioneiros de Guantanamo? O que dizem os média acerca deles? De vez em quando espreitam, dá uma pequena nota na página 6. Foram confinados a uma terra de ninguém de onde provavelmente nunca regressarão. Neste momento, há alguns que estão em greve da fome, alimentados à força, e alguns são britânicos. Não há delicadeza nesta alimentação forçada. Nem sedativos nem anestésicos. Só um tubo enfiado pelo nariz e que vai atè à garganta. Vomita-se sangue. Isto é uma tortura. O que dizem os Negócios Estrangeiros britânicos acerca disto? Nada. O que diz o primeiro ministro britãnico? Nada. E porque não? Porque os EU disseram: criticar a nossa acção em Guantanamo é um acto hostil. Ou estão connosco ou contra nós. E, portanto, Blair cala-se.
A invasão do Iraque foi um acto de banditismo, um acto de terrorismo de estado, demonstrando um total desprezo pela noção de lei internacional. A invasão foi uma acção militar sustentada por uma série de mentiras, enorme manipulação dos media e por conseguinte do público; um acto que deveria consolidar o domínio militar e económico da América no Médio Oriente disfarçado em ultima instância de libertação – uma vez que todas as outras justificações ruiram. Uma formidável asserção de força militar responsável pela morte e mutilação de milhares e milhares de inocentes.
Levámos tortura, bombas de fragmentação, urânio empobrecido, matanças cometidas ao acaso, miséria, humilhação e morte e chamamos a isso “levar ao Médio Oriente a liberdade e a democracia”.
Quantas pessoas é preciso matar até se ser qualificado como um assassino de massas e um criminoso de guerra? Uma centena de milhar? Mais do que o necessário, julgaria eu. Por isso creio que é justo que Bush e Blair sejam levados ao Tribunal Internacional de Justiça Mas Bush foi esperto. Nunca ratificou o Tribunal Internacional. Por isso, se alguma vez um soldado americano ou melhor ainda um político alguma vez estiver no banco dos réus, Bush disse que enviaria os marine. Mas Tony Blair ratificou o Tribunal e está assim sujeito a um processo. Podemos dar a sua morada ao Tribunal, no caso de estarem interessados. É o número 10 da Downing Street, London.
Neste contexto, a morte não tem qualquer importância. Quer Bush quer Blair conseguem muito bem passar ao seu lado. Já pelo menos 100.000 Iraquianos foram mortos por bombas e mísseis americanos – e antes de ter começado a revolta iraquiana. Essas pessoas não são de tempo nenhum. As suas mortes não existem. Nada são. Nem sequer são lembradas como mortas. “ Não fazemos contagem de corpos”, disse o general americano Tommy Franks.
Mal começou a invasão, surgiu na primeira página dos jornais briânicos uma fotografia de Tony Blair dando um beijo a um menino iraquiano. “Uma criança agradecida”, dizia a legenda. Dias depois havia uma história e uma fotografia, numa página interiror, de um outro menino de 4 anos sem braços. A família fora dizimada por um míssil. Ele é o único sobrevivente. “Quando é que volto a ter braços?”, perguntava. E a história foi esquecida. È que Tony Blair não estava com ele ao colo nem tinha ao colo nenhuma outra criança mutilada, nem nenhum cadáver ensanguentado. O sangue é sujo. Suja a camisa e a gravata e é preciso um discurso sincero na televisão.
Os 2.000 mortos americanos são um embaraço. São transportados para os seus túmulos durante a noite. Os funerais fazem-se na maior discrição, em lugares seguros.
Os mutilados apodrecem nas camas, alguns para o resto das suas vidas. E assim mutilados e mortos apodrecem todos, em diferentes espécies de túmulos.
Eis uma passagem de um poema de Pablo Neruda:
E uma manhã tudo o que ardia
Uma manhá as queimadas
Levantaram-se da terra
Devorando os seres humanos
E deste então foi o fogo
A pólvora desde então
Foi o sangue.
Bandidos com aviõe e mouros
Bansdicos de aliança e duquesas
Bandidos com monjes negros que os benziam
Vieram pelos céus para matar crianças
E o sangue das crianãs correu pelas ruas
Simplesmento, como o sangue das crianças.
Chacais que os chacais desprezariam
Pedras em que até os cardos secos cuspirim
Viboras que as viboras abominariam
Cara a cara contigo tenho visto o sangue
De Espanha levantar-se como uma maré
Que te arrasta numa vaga
De orgulho e facas.
Traiçoeiros
generais:
vede a minha casa morta,
vede a Espanha quebrada:
de cada casa corrre metal fundente
em vez de flores
de cada fenda de Espanha
surge a Espanha
mas de cada criança morta levanta-se uma espingarda com olhos
mas de cada crime nascem balas
que um dia hão-de encontrar
o lugar dos vossos corações.
E perguntam; porque não fala a sua poesia
De sonhos e plantas
E dos grandes vulcões da sua terra natal.
Venham ver o sangue nas ruas.
Venham ver
O sangue nas ruas
Venham ver o sangue
Nas ruas!
Que fique bem claro que ao citar este Neruda, não estou de modo algum a comparar a Espanha Republicana ao Iraque de Saddam Hussein. Cito Neruda porque em mais nenhuma poesia contemporânea consegui eu ler uma tão poderosa e visceral descrição do que é um bombardeamento de civis.
Disse antes que agora os EU já são totalmente francos ao atirarem as cartas para a mesa. É assim mesmo. A sua política oficial define-se como um “’full spectrum dominance’. ( domínio total em todas as frentes). Os termos não são meus, são deles. E ‘full spectrum dominance’ significa domínio da terra, mar, ar e espaço e de todos os bens neles existentes.
Os EU ocupam hoje 702 instalações militares espalhada pelo mundo em 132 paises, com a honrosa excepção da Suécia, claro. Não sabemos como conseguiram chegar lá, mas que lá estão, lá isso estão.
Os EU possuem 8.000 ogivas nucleares activas e operacionais. 2.000 estão em alerta máximo, prontas a serem lançadas em 15 minutos. Estão a desenvolver novos sistemas nucleares chamados “bunker busters” ( destruidores de bunkers). Os britânicos, sempre cooperantes, tencionam substituir o seu próprio missil nuclear, o Trident. Quem, pergunto-me eu, querem eles atingir? Osama bin Laden? Tu? Eu? O Zé da esquina? China? Paris? Quem sabe? O que sabemos é que esta insânia infantil – a posse e a ameaça ao recurso de armas nucleares está no próprio coração da actual filosofia política americana. Temos de nos lembrar que os EU estão em permanente pé de guerra e não se vê sinais de que isso abrande.
Muitos milhares, se é que não milhões de pessoas nos próprios EU, estão manifestamente cheios de vergonha e irados contra as acções do seu governo mas de momento ainda não são uma força política coerente – de momento. Mas a incerteza, a ansiedade, o medo que vemos diariamente crescer nos EU não parece ir diminuir tão cedo.
Sei que o Presidente Bush tem muitos autores dos seus discursos extremamente competentes. Mas eu gostava de me candidatar também a esse lugar. E proponho esta breve alocução que ele pode fazer à Nação através da Televisão. Vejo-o com um ar grave, cabelo muito penteado, sério, combativo, sincero, às vezes encantador, com um sorrisinho forçado, com certo poder de sedução, homem comum entre os homens comuns.
‘ Deus é bom. Deus é grande . Deus é bom. O meu Deus é bom. O Deus de Bin Laden é mau. É um mau Deus. O Deus de Saddam era mau, só que ele não tinha nenhum.. Era um bárbaro. Nós não somos bárbaros. Não cortamos a cabela das pessoas. Acreditamos na liberdade. E Deus também acredita. Eu não sou um bárbaro. Sou o chefe democraticamente eleito de uma democracia amante da liberdade. Somos uma sociedade tolerante. Damos electrocução tolerante e injecções letais tolerantes. Somos uma grande nação. Não sou um ditador. Ele é. Não sou um bárbaro. Ele é. E ele. Eles todos. Eu tenho autoridade moral. Vês este punho fechado? É esta a minha autoridade moral. E não se esqueçam disso.”
A vida de um escritor é uma actividade muito vulnerável, quase nua. Não vamos ter pena dela. O escritor escolheu isso e mantém-se aí. Mas é verdade dizermos que fica exposto a todos os ventos, e alguns são glaciais. Está-se realmente sozinho. Sem amparo. Sem protecção – a menos que se minta, e terás com isso construído a tua protecção, e poderíamos passar a dizer, tornaste-te político.
Já esta noite me referi várias vezes à morte. Vou então ler-vos um poema meu chamado Morte
Onde foi o corpo morto encontrado?
Quem encontrou o corpo morto?
Estava morto o corpo morto quando foi encontrado?
Como foi o corpo morto encontrado?
Quem era o corpo morto?
Quem era o pai ou filha ou irmão
Ou tio ou irmã ou mãe ou filho
Do corpo morto e abandonado?
Estava morto o corpo quando foi abandonado?
O corpo foi abandonado?
Por quem foi ele abandonado?
Estava o corpo morto nu ou vestido para viagem?
O que te fez declarar morto o corpo morto?
Declaraste morto o corpo morto?
Conhecias bem o corpo morto?
Como soubeste que o corpo morto estava morto?
Será que lavaste o corpo morto
Será que lhe fechaste ambos os olhos
Será que enterraste o corpo
Será que o deixaste abandonado
Será que beijaste o corpo morto
Quando olhamos um espelho, pensamos que a imagem à nossa frente é exacta. Mas basta movermo-nos um milímetro e a imagem altera-se. Aquilo que estamos realmente a ver é uma série infindável de reflexos. Mas às vezes o escritor tem de quebrar o espelho – porque é do outro lado do espelho que a verdade nos espera de frente.
Estou convicto de que, a pesar dos inúmeros obstáculos que existem, nós, cidadãos, com uma feroz determinação intelectual, inquebrável, sem desviar, conseguiremos definir a verdade real das nossas vidas e das nossas sociedades – e essa é uma obrigação crucial que nos diz respeito. É de facto obrigatória.
Se essa vontade não estiver incorporada na nossa visão política, não tenhamos esperança de restaurar aquilo que já quase se perdeu para nós – a dignidade do homem.
7 de Dezembro 2005

Tradução de Jorge Silva Melo

do discurso do nobel deste ano. questões

«Aquele que deseja escrever para os que têm fome, e apenas para estes, logo descobre que só os que enchem a barriga se apercebem da sua existência.»

«Os povos sem escrita, como os antropólogos gostam de os nomear, conseguiram inventar uma comunicação total, através de cantos e de mitos. Por que razão isso já não acontece na nossa sociedade industrializada? Será preciso reinventar a cultura? Será preciso regressar a uma comunicação imediata, directa?»

segunda-feira, 16 de fevereiro de 2009

lição lacónica sobre a crise da chamada modernidade literária a

do never measure out your life with
coffee spoons

Rimbaud

Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations,
républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de
moeurs, déplacements de races et de continents : je croyais à tous les
enchantements. [...] J'écrivais des silences, des nuits, je notais
l'inexprimable. Je fixais des vertiges [...].

in Alchimie du verbe

Wordsworth

The world is too much with us

The world is too much with us; late and soon,
Getting and spending, we lay waste our powers;
Little we see in Nature that is ours;
We have given our hearts away, a sordid boon!
This Sea that bares her bosom to the moon,
The winds that will be howling at all hours,
And are up-gathered now like sleeping flowers,
For this, for everything, we are out of tune;
It moves us not.--Great God! I'd rather be
A Pagan suckled in a creed outworn; (1)
So might I, standing on this pleasant lea, (2)
Have glimpses that would make me less forlorn;
Have sight of Proteus (3) rising from the sea;
Or hear old Triton (4) blow his wreathed horn.
________________________________________
(1) Brought up in an outdated religion.
(2) Meadow.
(3) Greek sea god capable of taking many shapes.
(4) Another sea god, often depicted as trumpeting on a shell.

improvisação após reler o texto anterior

e eco dos olhos
contíguo ao rumor

das florestas nocturnas
onde a voz sem linguagem

circunda em torno o plexo
ilegível do som


é sempre depois das queimadas
que escrevo o poema

qual odisseia qual quê?!

XI - metafísica (octógono) ou a vox exangue

1
(depois de tudo dito)
o poema é (um) oráculo.

o branco dobrado
sobre
o branco

o verbo perpendicular à cal
semeada entre os dedos

mas, como escrever o silêncio,
se um nome, uma acção, um olhar, um gesto são paradoxais,
e o ser é a precisa alucinação das imagens imobilizadas
ao alcance da incessante mão elíptica movimentando os lugares?


2
o poema é uma balança. nomeio.
os horizontes caem a prumo.
o ser é vertical.
.teleológico.
cada nome é uma vertigem a prumo
sobre incessantes ilhas de penumbra


3
agora, se peso os sismos das imagens sobre
o espelho da página,

no torno do pulso aberto, de súbito,
a leveza é um acto;

e, se digo poema, é como se regressasse
do travo da argila e da violência do sopro, ou intuísse
o aroma da água inclinada sobre
a córnea obsequiada na exactidão do traço
de uma elipse justamente desenhada através do espaço
da germinação do golpe


4
nomeio. entre a mão e o véu, coloco a espada. nomeio.
o verbo amplia o peso, a duração e a textura
das coisas: o verbo abrange o corpo todo, estremece

toda a casa

é/na a maturação dos tecidos expostos às coisas
vistas todas de novo;

o ser é paradoxo. um gládio erguido entre a sombra e a luz,
enquanto as falanges auscultam as carótidas alteradas
pelos silvos do metal atravessando as paisagens;

e, se a cal germina entre um inominável sono de dedos,

todo o corpo se exercita no prazer de nada tocar


5
devo (re) estabelecer a norma: o poema é uma balança,
o peso, a duração exacta das coisas, a medida certa
da queda, o espaço do sentido, o sentido do espaço;

então, observo a mesa, a cadeira, a porta, a janela,
compreendo a consanguinidade de todas as coisas,
e esboço as relações, os movimentos do corpo –
é a estratégia da aranha (o ser sempre pelo todo) – ,
polindo os minerais para o trabalho de ourives dos dedos
fincados sobre a memória, num raso sono de água;
e é o dedo de alumínio do deus apontado justamente
ao fulcro da têmpora sismológica do perecível amante,
enquanto o sangue estremece no cálice do pulso;

devo estabelecer a norma: tudo é instantâneo,
e escrevo como se fabricasse esferas
para não enlouquecer, como um deus



6
o poema é uma balança, reitera-me uma voz
(que não ouço)

mas, como pesar, por exemplo, o vento, a luz, a sombra,
a dança, o branco, o sangue, uma imagem, ou o olhar parado
diante de uma parede branca?

como nomear, como apontar o dedo justamente,
e sem errar, ao coração imóvel do mundo
e ao inominável coração do poema,
ou ainda, como desenhar as marés
em movimento, através do chão de cal da página?

como nomear a queda de uma ave no calor da tarde
ou o equilíbrio do céu sobre os olhos?



7
restabeleço a norma: sou gládio.

o poeta desfere o golpe. é como conduzir a mão
ao ponto de confluência da correntes marítimas,
é como alargar o corpo – uma evidência –
até à mais completa
indistinção.
é aí, no ponto de contágio da elipse, da figura e da carne,
que o poema pesa a origem de cada verso
e fermenta a germinação do gesto e do som
em perfeita consonância com o movimento,
e prepara também, por fim, o olhar para a floração do abismo
perpendicular ao movimento do verso,
pois um nome é uma vertigem aprumo uma arbitrariedade corporal:

um nome é um acto levado à sua completude,
um gesto colocado diante do equilíbrio do sol;

para nomear é necessário ter um olhar infinito,
e perceber que o poema é o sangue dos objectos,
o premeditado lugar onde se desfere o golpe



8
é preciso saber que um nome é o abismo dos objectos
vistos através do olhar do deus
que abdicou do prazer do sangue,
e que o poema é esse vazio olhar,
o espaço onde o torno da paráfrase cinge a elipse, justamente
no ponto de floração dos cometas dos dedos
e das corolas abertas da cabeça, justamente
no fulcro exacto do movimento,
onde o sentido do verbo coincide com gesto
da mão no cerne mesmo das coisas;

o poema é oráculo,
é a antiquíssima herança das fontes
repartida nas eiras do sol, onde o canto opera os começos
dos rios e das rosas, que crescem para o céu
através do lírico dedal da boca
do cantor

talvez tudo pereça por fim, e o poema se encaminhe
para uma sempre iminente catástrofe de perfumes;
talvez tudo cesse, e as casas possam, finalmente,
enlouquecer melodicamente, atravessadas pelo vento;
e talvez, uma vez finda a sombra que nos circunscreve a boca,
possamos ver finalmente as imagens,
e perceber derradeiramente
que a graça do poema é a contemplação
sem mácula do silêncio, e as paisagens,
pousadas em chão de seda,
sob o equilíbrio do sol

porque, ver é o fuso e o preceito
através do qual o deus inflama
a argila e a alimenta pelos veios das córneas
fendidas no prodígio da imagem, e informa depois
os corpos no ventre dos dedos erguidos à altura
dos olhos, e o mundo erguido à altura do mundo, finalmente

porquê?

porque se ninguém cantar a voz
sem nome do anjo,
restar-nos-á apenas para celebrar, nos cerejais,
entre as paredes de lume do verão,
uma levíssima flor de cinza

a génese do poema

I- a génese do poema
1
nascer de um nome.
é como atravessar espelhos,
e suspender-se sobre o vácuo. sem centro.
é não ver os objectos

é a sombra do cisne
diante da brancura, com a flor
da papoila junto aos olhos
e o olhar cérceo à secreta flor do mármore

imaculando cada objecto

é a pálpebra sobre o círculo, incitando
o astro-lábio: nascer
a força de querer
uma palavra
que tenha as suas brancas raízes
no meu verídico coração de sal

2
nascer: eros e logos, carne e verbo,
terra e ar, plasma e mármore: o poema
a forma velada do prodígio
no sucinto tempero do lábio (mas para quê?),

e o olhar erguido diante da última elipse
dos espelhos fazendo sombra ao coração

3
nascer. outra vez.
são as árvores aos gritos
na meia-noite do meu ventre,

e é uma lentíssima melodia que sobe
(já vi isto outra vez): a sombra do mar
entre as casas e a cabeça sobre o vácuo,

e o sangue em movimento
perpétuo, nos pêndulos da memória,
que fica branca pelo desmedido exercício da palavra

4
nasço: estendo a minha bandeira escarlate
sobre as paisagens do mundo,
e tento dizer a palavra que (me) falta,
que é quiçá a palavra que sempre faltará

já não vejo um único objecto,
e nada posso nomear.
anoitece sobre o meu nome,
que já não profiro, de frente para o espelho

o vento sopra. nada nomeia

domingo, 15 de fevereiro de 2009

tom apocalíptico bastante elíptico

um poema é uma amante ciência sonora,
o esboçar
de uma apuradíssima silhueta de ânfora,
ou mulher,

o vermelho perímetro
das ancas da fêmea

se/enquanto, na têmpora se prolonga
a ressaca do tambor,

cada palavra é uma fina cerâmica sonora,e

deus sopra e acende a veia,

é o som distendendo
a escuta e
os olhos abertos na cópula
da lâmina e da virilha acesa

e o poema, o poema enuncia a sigilosa brancura
de um recomeço,
o olhar incompleto sobre a boca da(s) ânfora(s),
congeminando a vogal da veia,
que incendiará
a cabeça no rubro tumulto da dança,
e deus sopra, irradiam-se os movimentos

porque sou um poeta, segredo (e observo)
ao contorno da lâmina
as confidências do pulso
a inevitabilidade do sangue e do olhar parado sobre
os corpos e as coisas,

e observo o metálico róseo olhar do deus abrindo,
as rosas e as mães, por dentro,
os espaços e os frutos,
e vendo escurecerem-se-te as madeixas dos cabelos, se choras,

(e) o poema é um grito entre
a desmesura do inominável,
e a perenidade da madeira
insonorizando o som
(nos peitos das mulheres),

as palavras são ápodes à sua maneira
e a água nunca canta sozinha, e

o poema é, também, a água turva do teu peito,
o machado de
(um) deus sobre as coisas

quinta-feira, 12 de fevereiro de 2009

poema de amor (tentativa falhada)

(ouve-me)

falar-te-ei dos búzios,

o limiar da voz
quero que ouças

dir-te-ei (os búzios) janelas abertas,
frutos: a porta redonda da permanência

veias abertas, frutos
lírios com o mar dentro
oráculos são, e a minha mão aberta, sempre
à tangente da distância

se os indagas, espelhos com sóis dentro
são o tímpano atento
ao decurso da eternidade, (e) podem ser
a verdade, amêndoa de âmbar azul
acesa entre os joelhos, ou todo um dúctil sossego

sob doçura da pálpebra
búzio nome sinovial
búzio distendido poro de mulher

para respirar a bênção das marés
e o mar, ventre de vento, ou
o amparo lento para a queda vertical dos frutos

búzio, conclave melódico da raiz da fêmea
arrebatada pelo clarão dos promontórios
búzio, lugar único da ascese dos líquidos
harpa janela aberta,
para a germinação atenta das águas
búzio, lonjura melódica
distância equidistante da semente à corola,
lugar da respiração limpa e da sede inteira,
casa onde a escuta se recolhe,
para ouvir o deus, o rumor do sal, ou
a morte ascendente de certos nomes

búzio sempre
voz perpendicular ao aroma
das marés
e à vertigem do movimento

(e sempre o amor, diante do mar
sombra de pássaro repentino
sobre o lábio cantante;
como felicidade, resta-me a confidência,
e o impossível espaço e a
paradoxal alegria das imagens)

búzio imagem tímpano seda
furor melódico lira e pão

(ouves-me?
as imagens como expressão tão-só
do movimento do idioma)

e na coincidência de gesto e movimento
a voz sempre como incidência da beleza e do crime

quinta-feira, 5 de fevereiro de 2009

ser o vento sempre
tão próximo da lâmina
mas levar consigo a flor da cerejeira
quando se atravessa a água
rubra só de ser olhada

um poema é algo que cresce assim
sempre ao lado do gesto que o semeia

e quem lavra contra o vento
colhe o pó como se o silêncio
fosse o seu fruto

é esse quem está mais próximo
da verdade

aquele que guarda a água
dentro do sabor dentro do pó

para depois se ver ver por fim
o nome florescer ao lado do lugar
onde se depositou a espada

La ’Pataphysique

Faut-il prendre

la ’Pataphysique

au sérieux?





À un moment ou l’autre de sa vie, même s’il n’en a pas conscience ou s’il ne se les formule pas clairement, le vrai pataphysicien est confronté dans le plus intime de son être avec les deux propositions suivantes :


Proposition A

Le vrai pataphysicien ne prend rien au sérieux, sauf la ’Pataphysique ... qui consiste à ne rien prendre au sérieux.


Proposition B

La ’Pataphysique consistant à ne rien prendre au sérieux, le vrai pataphysicien ne peut rien prendre au sérieux, même pas la ’Pataphysique.


[...]


Le vrai pataphysicien ne doit pas se prendre soi-même au sérieux. Elle le met ainsi à l’abri d’une tentation à laquelle cèdent tant, hélas, de ses contemporains !

Publication du Centre de Recherches Périphériscopiques, Oleyres, 1984.

quarta-feira, 4 de fevereiro de 2009

poema cabalístico

I

o branco é a origem e o oculto


o guia é o castelo

o fogo em (p)rosa



II


o guia imprime a ordem ao análogo

o oculto deflagra

no vermelho trás a necessidade à mão

que costura as evidências

junto ao pulso

que retém o propósito

o branco é o oculto

o espelho


III

o espelho é o branco

o espelho da semente acesa

nos canaviais dos antípodas

o guia contém em si o coração

a semente das fontes

o aprumo das alturas



IV


e

branca

a mão é o coro das raízes e das paredes

estabelecendo

a integridade da fuga

(propondo) a legibilidade da metamorfose



V


o branco é o espelho e

a mão a prumo

no aprumo da maravilha

a maravilha

sob a penumbra (e a carne)

o branco é o vermelho

o florescimento do pulso entre os umbrais

das casas e os peitos das mulheres

uma árvore

um leito antigo

e na pele a legibilidade da pérola


VI


o branco concede

a perfeita simetria

infunde na semente o propósito da mão

o florescer da boca rente aos cântaros

a preciosidade e o encanto

da primavera que se retém na mão




VII


onde

o branco fermenta o vermelho e

decide o sangue e as marés

as árvores e os frutos

a criança e a penumbra

e as mães e os afectos terríveis


que assombram as casas


o branco decide os barcos e a rosa

por fim
amarro a palavra, comovo-lhe as coisas

destino-a a ao ouro ou ao sal

dobro-lhe os rios por dentro, e desato-a,

já que nenhum deus se debruça das varandas

e acende o aroma das esmeraldas na boca das mães.


sei tudo. cores. perfumes. texturas. aromas;

sei o tacto intacto das coisas. nos espaços.

abro a boca à combustão (oblíqua) das coisas nos nomes.

treino-me na arte de fazer passar (coar)

(os) nomes através de paredes de vidro

através de muros de cal


acendo esmeraldas. eu. constranjo, comovo

as casas e as mulheres. cada objecto seria/ é

uma poética inteira, limpa.

às palavras, lavo-as com alfazema

e elevo-as ao ouro, à neve.

e o poema, geometria da argila desenhada

à semelhança da pétala do pássaro,

segue a sentença da esmeralda,

inaugurado pela boca habilitada ao sopro

e ao toque. o poema sabe tudo. é

as coisas todas, o céu desatado sobre

os quadris da fêmea, os rios

desaguando nos olhos de deus. deus, aquele

que paira, aquele que fica sobre a penumbra

de todas as coisas. e o poema, o corpo verídico

de tudo, exposto ao fado da jóia, ao salitre

do canto que comove as paredes,

e que opera a confluência do negrume

no realejo da jóia, onde amarro a palavra.


que um nome é visceral, e o canto expõe-se

à eólica profusão da carne, define os contornos

da epiderme aliciada às imagens,

ao encanto solicitado no aprumo com que

as mulheres comovem os objectos,

e são glicínias pulsando em torno

de um círculo de sal.


saber comover a palavra perante a velocidade

parada do espelho até à maior exaustão dos nomes,

e saber tudo, olhar a paisagem que sobeja

e saber-se completo. saber-se de metal, ionizar-se

na forma como o espelho martela as evidências

terça-feira, 3 de fevereiro de 2009

demora-se algum tempo
a perceber que
o que é necessário à vida
de certas plantas não é
a luz

mas a sombra

assim também os versos
um certo ar sombrio, muita solidão
um certo peso lúbrico
por cima do movimento
da paráfrase

uma certa erosão dos dedos sobre
a página óptica

para que tudo possa ser recriado

I- lugar
1
em redor de quem escreve, é como se
se estivesse rodeado de feras

são as medusas do em canto

o nome sísmico como se

se abrisse sobre onde
o prodígio da voz ladeia o abismo dos dedos

uma fenda no meio do texto
como se fosse uma casa

2
quem escreve sabe: para
que o poema tivesse lugar
as musas haveriam de devorar as paisagens
de um extremo ao outro do corpo, para

que quem fala possa
atravessar o lume, e ficar
para sempre branco, imperfeito,
escrito sob a sombra da cinza
e possa ser a voz do sopro para sempre
gravada na pedra arqueada através
de onde a cal ferve no contorno do círculo
que a liga ao pulmão ígneo;

cal, o nome do lugar que leva
ao verídico nome do verbo, ao seu sono branco
ao seu olhar de medusa ameaçando as paisagens,
que emudecem nos lugares
onde toda a sombra estremece

3
tudo cresce em desmesura nos lugares
onde o poema deixa o seu selo

o seu rastro de pólvora
os seus dedos acesos no toque sempre primeiro
de cada coisa

é o poema que acorda as paisagens e as faz
crescer no sopro de quem alinhava a carne do texto
e dobra depois o pulmão sobre
o abismo da brancura

de quem acorda os olhos da medusa
do seu sono de pedras preciosas,
de quem dirige o seus caudais de lume
para os poentes indeclináveis

4
porque é preciso saber
que quem escreve elabora

o gesto que tem de ser feito
o gesto sempre em desmesura
para que o lume não devore completamente
as paisagens

para que se possa ver a casa: o lugar onde
um corpo se dobra sobre si mesmo

uma casa no centro do corpo
como se fosse uma fenda

aquele que escreve o poema sabe
que tudo existe como se fosse para sempre,
ou como se nunca houvesse existido

e como se o fogo não fosse
a fome cardíaca de quem quer
que tudo também desapareça

para que tudo possa ser recriado
(sobre tudo o amor)

do baú II

III- estátua, gesto som
1

alguém canta, se adormeço entre rosas;

alguém canta, se o mármore amadurece

por dentro da vertical cegueira do sangue

e se recolhe no tímpano; e,

alguém canta se, subitamente,

o silêncio é uma fatalidade musical,

e o pó, esse fruto semeado entre os dedos,

ainda inclinados sobre a pedra,

aguarda o florescer da manhã

entre a carne palpitante do peito

e a friíssima sede do cinzel auscultando o coração

de quem canta rodeado de noites

e semeado das nocturnas pétalas do pó


2

enquanto o pó não floresce por dentro

do movimento do sangue, e os braços

de quem dorme dentro da pedra

apenas se erguem inutilmente

para uma negra solidão de metáforas,

o poeta fecha-se num quarto escuro,

o poeta fecha-se dentro da pedra, e espera

pela perfeita coincidência da mão e do gesto

e da água e do fruto; o poeta espera, inclinado

justamente sobre o vértice da água guardada

nas ânforas das imagens;


o poeta sabe que toda a água é perpendicular

à verticalidade desse gesto

que escreve sempre as últimas coisas

3

o poeta sabe

que todo o deus é um paradoxo formal.


o poeta sabe que o que o poema diz são

os lentos braços de mulher desse deus

repartindo as águas diante da pétrea fronte

coberta de pó.


água!, quem canta clama por água,

alguém sempre ama o seu metafórico som,

quando embate na oblíqua pedra escarlate do peito.


diz-se água dentro da noite, e as ânforas do verso transbordam

no crescente das luas das imagens incitadas às enseadas

dos dedos segurando o cinzel.


mas água!, o sangue pesa,

e toda água é levíssima,

como se cantasse perpetuamente;

toda a água é a coincidência do som e do gesto

na oblíqua brancura musical de um ofício

de esculpir o negrume que medeia pupila e pulso,

coração e tímpano; toda a água estremece

neste ofício de se saber uma ferramenta musical

4

o pulso, rodeado de água negra,

o pulso, fonte e clareira do movimento. o pulso recolhe

o dilúvio da epiderme do som, quer a pele e a sede

desse mármore;


o pulso, que segura o cinzel, o pulso

é o naufrágio de uma cega leveza sonora de metáforas

a prumo no aprumo do canto escrito no pó semeado

à tangente do lábio lírico.


é depois uma, a primeira, sempre aquela palavra

que dissemina as águas, e que é a ascese

lunar da sombra através das ancas da fêmea em pranto

perante o pathos das imagens estilhaçadas

pelo movimento que as inicia; é sempre

essa palavra que fica – essa palavra que

é sempre a loucura do mínimo


5

poema: escarlate e pétrea geografia do tumulto,

vertical ascese lunar da sombra e da água negra

do verbo contornando as penínsulas dos dedos,

e instigando as enseadas do sangue

ao lítigio dos promontórios das imagens,

aliciando o golfo do coração

e a ancestral paisagem da memória,

à queda a prumo no aprumo

de cantar tudo o que não se pode cantar;


poema, horizontal leito, sono em que se estremece, sempre

que alguém canta o solar destino de todo o canto,

sempre que alguém canta o que não se pode cantar


6

e, não se pode cantar essa mulher feita de penumbra

que cresce por dentro dos versos, essa água negra

que devora as imagens desde o fulcro do gesto

dos dedos inclinados sobre a brancura da página

à cova de seda vermelha do coração; não se pode cantar

o rosto dessa mulher, que é uma escarpa de vidro recolhendo

os prodígios, amalgamando os meridianos da ordem

e propiciando a coincidência da escuta e da pupila,

e a catarse dos anjos (essas metáforas) enrodilhados

diante do coração da visão; não se pode cantar

esse anjo de penumbra que germina entre os umbrais

dos braços cingidos por uma elipse de lume


7

e, não te posso cantar a ti (imagem),

que me costuras um anjo de pó na fronte, se as ânforas do verso

vertem as marmóreas madrugadas do canto

através da rosa aberta da casa onde te deitas comigo,

e se fico submerso de memória e água até ao coração,

e sucumbo a esse levíssimo peso da lua cingida pelas ancas;

não posso cantar a casa,

essa rosa onde me pões a pedra sobre o coração;

e, repito, não posso cantar a casa,

a clareira de todo o movimento do mundo,

o radial espaço da permanência; não posso cantar,

sem que a água negra brote dos buracos líricos da pedra;


não posso cantar o mais mínimo destino


8

apenas posso cantar as imagens. apenas posso cantar

imagens de imagens; tão só posso cantar

o invisível movimento das imagens, sem fixar a rosa

no cume das águas erguidas a prumo até onde nada se vê.

porém, entre o movimento do cinzel, a invisibilidade do mundo,

a escuridão da água rasa em torno dos olhos

e o florescimento do pó, sei que

o poema, esse gesto antiquíssimo, sei que o poema dirá

o enorme talento dos minerais, e que tu, imagem do meu sono

nos interstícios das coisas, tu, estátua, tu

havias de dizer as metáforas todas enfileiradas, de rosto voltado

para a penumbra do pó semeado entre os dedos;

e sei que tu haverás de dize-las,

por fim, maduras para a escuta de todos os líquidos perecíveis

e do coração do pó estremecendo onde

o gesto coincide com o som,


sei que tu haverás de dizer o lugar

onde as imagens sempre se detém para ouvir

a íngreme loucura do coração, o lugar onde

finalmente o mármore amadurece

na epiderme da escuta em que o poema ressoa

através do imóvel tímpano da pedra


9

hei-de cantar que no poema as imagens

são essas rosas de mármore semeadas no flagelo

que as mulheres costuram ao peito

cada vez que cantam no sono de quem

imagina por gesto e música o ocluso coração da pedra,

de quem sabe que as imagens são

também a floração mineral do sangue

entre os dedos auscultando

o sono e o branco coração

do pó